Garrigue

A l’heure où le soleil décline,
Embrase toute la colline
Sur le couchant ;
Quand tous les grillons se régalent,
Prennent le relais des cigales
De leur plain-chant ;

Ils avaient noué une intrigue
A la Saint-Jean, dans la garrigue,
Parmi le thym ;
Faut-il que je précise encore
Qu’ils ont veillé jusqu’à l’aurore,
Jusqu’au matin ?

Mais passées les heures de fièvre,
Souvent l’amour vous lève un lièvre,
Pose un lapin ;
Bien vite les désirs s’endorment,
Viennent les rendez-vous sous l’orme,
Plus sous le pin.

Elle attendit languide et tendre,
Ce temps où l’on ne sait qu’attendre
A tous moments :
Où l’on espère la présence,
Où l’amour se nourrit d’absence
Et de serments.

Or, un soir, lasse des cigales
Et des grillons qui se régalent
De leur plain-chant ;
Elle est partie vers la colline,
A l’heure où le soleil décline,
Sur le couchant.

Et l’on entend depuis l’intrigue
Comme une voix dans la garrigue,
Soir et matin ;
Faisant écho jusqu’à l’aurore :
« Laissez-moi ramasser encore
Un peu de thym… »

C’est pas une martégalade,
Prenez pas à la rigolade
Ce que je dis !
Blaguer tient pas du privilège,
Croyez pas toujours qu’on galèje
Dans le Midi.